Viva ou "Etre malade comme un chien"

Alors pourquoi je n'ai pas de pédigrée ? Pourquoi je ne peux participer à aucun concours officiel - j'aurais bien aimé, vous pensez, pour faire honneur à ma lignée -? Pourquoi donc à votre avis ? La réponse à toutes ces questions est ... parce-que je suis malade !

 

J'ai une maladie congénitale, vous savez de famille; une maladie très grave pour les chiens : elle les rend invalides si on ne la traite pas. Et de plus, elle les fait énormément souffrir. Je vous parle de la dysplasie de la hanche. Vous ne connaissez pas je parie. Ce n'est pas étonnant, il faut avoir un chienpour savoir ce qui se cache derrière ce mot barbare. Normalement, c'est une maladie qui ne devrait plus exister chez les chiots de race puisque elle est dépistée systématiquement par des radios à la naissance... Mais voilà, moi je suis passée à travers, mes radios étaient soi-disant bonnes.

 

Un jour, vers l'âge de un an, je me suis mise à boitiller. C'était normal, j'avais très mal au train arrière, mais comment le faire savoir aux humains, hein ? Ils ont du mal parfois à nous comprendre. Mes maîtres s'en sont tout-de-même inquiétés au bout de quelque temps; mes maîtres et les membres du club d'éducation que je fréquentais – normal, vu ma lignée, je devais tenir mon rang - qui s'y connaissaient bien en problèmes de chiens. Personne n'a pensé à une dysplasie de la hanche ! Il faut que je vous dise que mon père faisais partie du club et il qu'il n'avait aucun soucis de santé, lui. Bref, ils m'ont envoyé chez un premier vétérinaire. Son diagnostic a été très mauvais car les articulations de mes deux pattes arrières étaient gravement atteintes ! Les anti--douleurs prescrits ne pourraient me soulager qu'à court-terme, et il faudrait m'eutanasier assez rapidement : j'apprenais donc avec mes maîtres que j'allais bientôt mourir ! Tout le monde dans mon entourage était catastrophé. C'est alors que le maître-chien du club a pensé à un autre vétérinaire qui venait de faire des merveilles sur la patte d'un chien ami. Je dois tout à cet homme-là ! Je n'avais pas encore atteint ma taille adulte et il a tenté une première sur moi : dans un premier temps, il m'a reconstruit complètement une hanche, puis m'a sectionné la tête du fémur sur l'autre patte dans un deuxième temps. Je vous le dis, deux sacrées opérations ! J'ai compris ce que voulait dire l'expression « Êre malade comme un chien » !

 

Si j'ai souffert ? Oui, beaucoup, beaucoup, beaucoup... Nous, les chiens nous ne nous plaignons pas, nous nous enfermons dans notre douleur, nous restons prostrés dans un état second, nous nous coupons du monde... J'ai donc commencé par refuser de manger, puis de boire puis je me suis laissée partir dans une espèce de coma : c'était le soir du Nouvel An... C'est maîtresse qui m'a sauvée en m'humectant le museau, les gencives avec une serviette imprégnée d'eau, me glissant dans la gueule quelques gouttes d'eau avec une pipette, m'enfonçant au fond de la gorge de tout petits morceaux de viande hâchée, restant à mes côtés nuits et jours...

 

Et voilà, je suis là !!! Je peux courir, gambader, sauter,...Et j'aime autant vous dire que je m'en donne à coeur joie !!!

 

Vous comprenez pourquoi nous sommes si complices, maîtresse et moi... n'est-ce pas ?

 

suite...